Cinema Improbable

Synopsis : Préparez-vous à remettre en cause tout ce que vous croyez savoir avec ce nouveau film de requins particulièrement... inventif. Le film nous sert tout d'abord une scène d'introduction parfaitement explicative où un requin dévore par mégarde la prise d'une équipe de pêcheurs qui comptait gagner le tournoi de l'année. Furieux, les vieux zouzous se vengent à l'aide de grenades, et le requin vient mourir dans une grotte abandonnée aux allures mystiques ; un rituel magique s'opère alors et le requin ressuscite en un fantôme translucide qui prend illico sa revanche sur les pauvres pêcheurs. Il est encore temps de balancer la télévision par la fenêtre...

Ceux qui ont pu garder leur self-contrôle se tapent le générique de début puis on tombe sur la classique station balnéaire où s'égayent nos supposés personnages principaux. Le requin fantôme vient soudain y semer la panique sans la moindre discrétion ! L'un des persos, cliché du vieux marin taré, balance la théorie du fantôme, histoire que tout le monde soit au courant au bout de 15 minutes de film ! Adieu, maigre suspense... Les autorités sont prévenues mais comme d'habitude elles ne veulent rien gober et ne préviennent personne (encore une similarité avec Jaws, mais laissez ce film tranquille !) ; d'un autre côté on ne peut pas trop leur en vouloir, car se faire bouffer par un requin sorti d'un seau...

Bref, les personnages découvrent la véritable explication dans un bouquin de musée ; ainsi la caverne a le pouvoir de faire revivre les personnes décédées de mort violente, avec à l'appui un background historique insipide, sans oublier le fameux grimoire contenant toutes les explications pour renvoyer (je cite) «les esprits vengeurs en Enfer» ; de quoi s'ouvrir les veines avec un cure-dent. Tandis que les autorités se bougent enfin pour se faire massacrer en haute mer, nos persos restants mettent donc en place un autre rituel afin de renvoyer le fantôme au Tartare. Cela ne fonctionne pas vraiment, du coup on déclenche le plan B, la destruction de la caverne ; le requin ne reste pas sans réagir et, la pluie commençant à tomber, il peut désormais se matérialiser partout...

Tant bien que mal on arrive à dynamiter la grotte avec le corps matériel du requin au terme d'une scène digne d'un film catastrophe, avec slow-motion et grandes explosions ! Du coup le fantôme disparaît et les persos encore debout se réjouissent (au même titre que les spectateurs qui voient enfin la lumière au bout du tunnel).

 

Réalisation : Griff Furst est un client régulier des daubasses avec déjà quelques trophées à son actif (Arachnoquake, Swamp Shark, Lake Placid 3). On reconnaît également la marque de fabrique de SyFy dans le montage et les effets, tellement ces derniers piquent la rétine ; le requin est en carton pâte puis en surbrillance grâce à un vieil effet informatique. Le cadrage est mauvais, les transitions trop brusques perdent le spectateur, on a vraiment l'impression que le film est coupé par endroits.

J'ai enfin rarement vu autant d'incohérences aussi faciles à déceler dans un film, à croire que le réalisateur le faisait exprès !

 

Bande-son : Un gros pétage de câble au niveau musical, ils ont voulu en faire un peu beaucoup trop ! Et vas y les grandes musiques épiques pendant les scènes d'action, les musiques dramatiques pendant les séquences émotionnelles... On nous prend pour des jambonneaux !

 

Jeu des acteurs/Personnages : Le casting est inconnu au bataillon (et c'est peut-être pas plus mal). Le jeu d'acteur est nul à vomir et les personnages ne sont pas crédibles pour un sou ; au programme comme d'habitude des pétasses chaudes comme la braise en manque d'organe masculin, des couillons en recherche de sensations fortes qui ne vont pas être déçus ; bref un joli rassemblement de zozos possédant un QI de 18 (soit celui d'un fourmilion, et encore ce dernier est capable de creuser un piège). Les personnages acceptent la plupart des situations sans broncher, y compris quand l'un d'eux se prend un remake d'Alien par le requin qui surgit du verre d'eau dans lequel il buvait...

Les ados font de la figuration, le vieux gardien du phare s'amuse à mettre des barres à mine dans les roues de tout le monde et ne devient coopérant que pour les cinq dernières minutes. Le requin est (comme d'habitude) le plus intelligent de la bande, sans compter ses super-pouvoirs sans précédents, lui permettant d'apparaître n'importe où du moment qu'il y a de l'eau ; évidemment ce principe est surexploité et prend des proportions grotesques ; la moindre flaque d'eau ou un bain devient un piège mortel ! Pour finir les punchlines sont architypées et prévisibles à souhait ; de manière globale je n'ai compté que 2 répliques un tant soit peu intelligentes...

 

Conclusion : Un film qui contrairement aux autres ne part pas en live, car il reste fidèle à son profil WTF tout le long ! Le scénario mâché nous est recraché au visage au bout de 10 minutes, ce qui nous laisse la joie de contempler un produit faisant l'apologie du vide intellectuel pendant l'heure restante. Une bonne dose d'humour aurait pu faire passer l'addition, mais il semble que ce soit le seul domaine où le réalisateur ait fait des économies, trop occupé à dépenser l'intégralité du budget au rayon «effet pourris et conneries garanties».

Ghost Shark est actuellement utilisé à Guantanamo lors des interrogatoires afin d'obtenir des informations aux plus récalcitrants.